mardi 14 août 2007

Trail du Grand Vallon, vu par Kévin



Dimanche 15 Juillet 2007, Les Orres (05)

En Bon Breton résident à Paris, je n’ai jamais eu l’occasion de faire un trail. Je ne parle pas des trails que l’on fait en région parisienne (que les montagnards appellent "courses natures"), mais des trails de montagne qui relèvent plus de l’ascension que du running.

Dimanche matin, avec ma chérie (premier trail ou course nature) nous arrivons à la station des Orres. Dans la montée nous amenant jusqu’aux dossards, nous sentons déjà des difficultés pour respirer, ce n’est pas gagné pour nous.

Nos objectifs sont, de terminer nos courses respectives, sans performance de chrono, car pour moi, c’est la première course de montagne, qui plus est avec 1500 D+ et 25km.

9h, le départ est donné, nous sommes 86 au départ, petit groupe rempli de mollets affutés, et… les miens. Les 4 premiers km ressemblent aux trails parisiens, des sous-bois vallonnés, frais, où les relances rythment la course. Nous poursuivons sur des routes en stabil jusqu’au 1er ravitaillement (34min, km 5). A ce niveau là de la course, j’ai déjà commencé à marcher, stratégie de gestion oblige, comme je ne connais pas le profil (et même pris des trailers en photos).

C’est après ce 1er ravitaillement que nous entrons par le bas du vallon et sommes totalement entouré de montagnes (Brrrr, c’est impressionnant !). Nous sommes à ce moment sur les routes de terre battue. Quelques randonneurs m’encourage, ça fait plaisir de rencontrer du monde (oui, à ce moment de la course, on aperçoit simplement des concurrents devant et derrière.

Km 11, 2ème ravitaillement. Depuis le début de la course, j’entends bourdonner autour de mes oreilles, en pensant avoir 2, 3 mouches. Le sauveteur présent au ravito m’annonce que j’ai l’honneur d’être suivi par une quarantaine de mouches !…dur ! Avant de repartir, la demoiselle du ravito m’annonce que c’est maintenant que le vrai trail commence. :-( … Qu’est-ce qui m’attend ?

Je repars, ou plutôt devrais-je dire nous repartons avec mes amies les mouches. Je regarde un devant moi et me rend compte que nous arrivons tout juste au cœur du Grand Vallon, et de ses difficultés. A nous 2 !!!!

Le parcours nous fait découvrir les alpages, avec ses ruisseaux, sa verdure, … Superbe !

Seulement, en levant les yeux, je vois que nous arrivons dans un cul de sac et que l’unique issue est de gravir la montagne. Je devine d’ailleurs des concurrents à l’assaut de celle-ci.

Les cuisses commencent réellement à chauffer, je prends une sportenine et un gel GO2 pour me redonner un coup de boost. Je gère mon ascension gentiment, me fais doubler par 2, 3 trailers (dont une équipée de chaussures de rando, bien utiles dans ce pierrier). C’est là que je réalise que grimper non-stop est un effort complètement différent, les cuisses encaissent sans cesse, sans repos. J’arrive en haut de cette montée, soulagé car je me pensais avoir terminé la grimpe pour aujourd’hui. Erreur !!!! Il ne s’agissait là que d’un palier naturel. Et au bout de ce plateau, je vois ce qui m’attend, une seconde face à monter, la même !!! Pour le moral, je me reprends une dose de gel GO2, en complément de ma boisson énergétique GO2 que je consomme régulièrement. Je profite d’avoir sortie ce gel pour tenter de me débarrasser des mes compagnes de route, en tentant de les attirer avec le sucre du gel, mais il semblerait que mon shampoing soit plus attirant que le gel (Je donnerai le parfum à GO2…). Bon, trêve d’égarement, il s’agit de finir, et je ne suis pas rendu !

Cette seconde session grimpe, toujours sur mon rythme é…freiné, me fait autant de bien que l’autre. Pour dire, j’ai la sensation de faire 2 fois la même…et malheureusement, avec la même surprise arrivé au sommet de cette côte : un mur, uniquement en pierrier et neiges éternelles, se dressait devant moi.

La je suis plus que jamais dans la gestion, car je sens que j’ai les mollets qui chatouilles, et sont à fleur…

Je ne vois personne devant (soit je suis premier, donc impossible, soit je suis parmi les derniers, loin derrière, beaucoup plus plausible), et derrière moi une dame me remonte petit à petit, mètres par mètres.

Aie !! Ca y est, les crampes arrivent dans les mollets. Etirements plus sporténine aussitôt, puis repart doucement. Les crampes descendent jusqu’à la plante des pieds, me pliant les orteils. Super douloureux ! Mais faut pas lâcher, il faut continuer.

Au fil des crampes et des étirements, je parviens à grimper jusqu’au sommet. La dame m’a doublé dans la montée, normal… 72ème, c’est ce qu’annonce les bénévoles qui nous servaient un canon d’eau au sommet.

Maintenant, changement d’effort, il faut descendre (20 min de descente dans le pierrier d’après eux). Moi qui pensais m’éclater dans la descente, je l’aborde très gentiment vu l’inclinaison, et les caillasses qui roulent. Les crampes commencent à s’atténuer, et parvient de mieux en mieux à allonger, jusqu’à reprendre la dame avec qui je fais l’accordéon. Mais dans l’euphorie de ma course folle, je me déconcentre et effectue une superbe figure libre dans les cailloux. J’ai des plaies ici et là, le genou droit à tapé, la plaie est profonde mais pas large ; rien de casser, c’est l’essentiel.

Je repars plus calmement cette fois, refroidi par la chute. J’arrive enfin au 3ème ravito (km 20), au bord d’un lac d’altitude. Là, je me fais soigner et poser un pansement par la croix rouge, qui s’est décollé 200m plus bas.

Plus que 5km avant l’arrivée. Ma concurrente ne m’a toujours pas repris, (j’ai du bien bourriner en descente). Je commence à rencontrer des randonneurs, on approche certainement.

Tout à coup, je suis stopper dans ma descente, le marquage au sol est effacé sur une pate d’oie (c’est ça d’arrivé après la bataille !!). J’attends la dame pour lui demander ce qu’elle en pense, on tente tous les 2 une des 2 directions : Perdu ! Obligé de remonté pour revenir au carrefour. Nous repartons à fond (du moins, à fond avec mes forces restantes). Devant moi, elle a un bon rythme, et je n’arrive plus à la suivre dans la descente, mais la garde en visu.

Ca y est, j’aperçois un bénévole, qui m’oriente vers la station. Plus que la descente de VTT à faire. En bas je vois ma chérie qui m’attend (depuis le temps, la pauvre), ça me donne la force de faire les 400 derniers mètres.

Top, je suis arrivé !!!

Je m’assoie, retire mon buff, mais les mouches gravitent toujours autour de mon crane, ça fait marrer trailers et organisateurs à proximité.

Epreuve très difficile pour un coureur de vallée novice, mais c’est tellement grisant de l’avoir fait…

Merci à l’organisation les paysages superbes et le repas offert.


Tps : 04h 08min
D+ : 1500 m
Classement scratch : 72 sur 86 (surclassé en senior)

1 commentaire:

Benoit a dit…

Nikel, t'y a été en guerrier, bravo !

;-)