vendredi 31 août 2007

Ultra Trail Courmayeur Champex Chamonix, vu par Benoit

Courmayer - Refuge Bertone

12h30, le départ est donné avec 30 minutes de retard. 30 minutes sur une course de plus de 10 heures ce n'est pas énorme, juste le temps de commencer a prendre quelques coups de soleil. Les speakers italiens et français ont mis une ambiance de fou, le départ fut très impressionnant et émouvant.

Le simple fait de passer sous l'arche de départ me fait piquer les yeux, cela fait tellement de temps que je pense à cette course, et même si ma préparation n'est pas au top, je compte profiter pleinement de mon excursion autour du mont blanc.

Nous courrons un peu dans Courmayer pour le folklore, c'est impressionnant le monde qu'il y a.

Puis rapidement nous attaquons la montée vers le refuge. C'est une montée très raide en single. Heureusement que nous sommes dans les bois car avec le peloton qui est groupé, on n'avance pas très vite et il fait très chaud.

Je me suis placé sur la ligne en milieu de peloton, aux alentours de la 1000e place.

La montée régulière ne casse pas trop les jambes, en revanche je pense que je serai monté plus vite sans cette foule. A posteriori, la vitesse d'ascension a été parfaite car elle a permis de m'échauffer sans passer trop de forces.

Il m'aura finalement fallut près d'1h15' pour arriver au refuge.

Refuge Bertone - Refuge Bonatti

Je suis encore tout frais et je décide de ne pas m'arrêter au premier ravitaillement. Il y a beaucoup de monde et ce "saut" de ravitaillement va me permettre de doubler tous ceux qui se sont placés devant sur la ligne de départ mais qui ne sont pas en grande forme. Je pense notamment à cette portion assez roulante ou il sera possible de courir. Une fois sur le chemin je me rends compte que j'ai fait le bon choix. Le chemin est roulant par son profil, mais assez étroit et il est difficile de doubler.

Au loin, tout au fond de la vallée on aperçoit le grand col ferrret, notre futur objectif. Il nous reste cependant pas mal de bornes jusque là et il faut que je reste concentré. Ma technique est simple : je ne cours que quand cela ne me demande pas d'efforts. La course étant longue, il me faut absolument préserver mes muscles pour les vraies difficultés à venir. Je pense notamment à la succession de cols qui vont solliciter mes quadriceps.

La traversée vers le refuge se fait tranquillement, je commence à prendre mon rythme, je me sens bien pour le moment.

L'arrivée vers le refuge se fait par un coup de cul. Vue du refuge c'est très sympa, les randonneurs et touriste ne s'y sont pas trompés. C'est impressionnant le monde sur le bord du chemin.

Refuge Bonatti - Arnuva

Je profite du ravitaillement pour commencer à manger un peu. Le rythme du début de course et la concentration m'ont fait enchaîner les kilomètres sans le moindre ravitaillement. Or il est important de préparer la suite de la course.

Afin de préserver mon intégrité musculaire, je vais prendre sur tout le début de la course des barres "ProBar" de GO2.

Je ne m'attarde pas au ravitaillement, je reste juste le temps d'avaler deux verres de coca et hop !

Le chemin vers Arnuva continue de remonter la large vallée vers le grand col ferrret.

Finalement, il n'aura pas fallu attendre le Grand Col Ferret pour que les coureurs s'espacent un peu. Déjà des trous se forment dans le peloton avec différents groupes qui progressent à des allures différentes.

Arrive ensuite la descente bien raidasse vers Arnuva. La première grosse descente de la course. Pour ma part, c'est la sécurité avant tout. Je descend tranquillement en m'aidant des bâtons, toujours dans le but de préserver mes muscles. Je vois des coureurs qui me doublent comme des balles. Je me demande s'ils se rendent compte qu'ils vont attaquer le Grand Col Ferret et qu'il reste encore plus de 70 bornes... D'autant plus qu'en descendant ils prennent des risques, j'assiste d'ailleurs à une entorse en direct.

Étonnamment j'arrive assez éprouvé à Arnuva. Nous avons moins de 20 bornes dans les pâtes, mais je pense que la descente m'a bien fatigué, le temps de rentrer dans la course probablement.

Arrive enfin Arnuva et son ravitaillement, le premier ravitaillement complet de la course. j'avale 4 verres de coca et quelques tranches de copa sallée qui me permettent de compenser le trop plein de sucre des gels et barres énergétiques. Personnellement je suis rapidement écoeuré par les produits énergétiques, et je sais que je dois prendre des produits très salés pour compenser. C'est la seule manière pour moi de me nourrir correctement sur une course de cette taille.

Arnuva - Grand Col Ferret

En quitant Arnuva, je sais que les choses sérieuses vont commencer. Le Grand Col Ferret constitue la première grande difficulté de la course. Plus de 1000 mètres de dénivelé, avec une montée assez raide, et le sommet après 20km de course.

Pour cette montée je ne m'enflamme pas. Je commence doucement. Comme prévu je lance mon GPS maintenant, la batterie devrait tenir jusqu'à Chamonix, et le GPS viendra m'aider la nuit pour les distances.

Dès le début de la montée je sens que ça monte. Un gars qui part avec moi du ravito me dit "c'est moi qui suis plus lourd où c'est la pente qui augmente ?". La pente augmente, mais tu es aussi peut être plus lourd si tu as abusé de la soupe au ravito ;-)

J'attaque la montée pas trop rapidement, je prends mon rythme et j'essaie de le tenir le plus possible. Ce n'est pas facile car la montée est à la fois très raide mais aussi très peuplée : les coureurs qui calent un peu, les randonneurs qui nous encouragent... D'ailleurs c'est très sympa d'avoir notre nom et prénom sur le dossard car j'ai entendu à plusieurs reprises (avec le charmant accent italien...) "allé bénoé". On se sent à la maison.

Au final je me rends compte que je monte pas mal, je garde mon rythme et je ne m'arrête pas. Je double aussi pas mal de coureurs. La montée est très longue, elle me semblait moins longue vue d'en bas... Mais finalement ça passe. Sur la fin, la pente devient moins raide et on longe le flanc de la montagne, je me permets même de trottiner.

Au col par de ravitaillement organisé, mais j'en profite pour avaler une barre et faire quelques photos (pour vous amener des souvenirs ;-) ). Je suis content car je termine cette montée assez frais.

Grand Col Ferret - La Peule

Pas le moment de s'attarder au col. Je sais que j'ai doublé pas mal de monde et je veux en profiter pour être tranquille dans la descente. La descente va être longue et je préfère la faire à mon rythme sans être gêné par d'autres coureurs. La première partie de la descente est assez roulante. Je cours un peu, tout en m'aidant des bâtons pour soulager mes muscles et les articulations. Je fais attention de ne pas m'emballer, la course est encore longue et il faut s'économiser.

Juste avant la peule, les virages se resserrent, la pente augmente un peu, je ralentis pour ne pas prendre de risques. Finalement cette section est passée très vite, descente oblige.

Je me rends compte que tout le monde n'est pas aussi frais que moi en arrivant au ravito de la Peule.

Des gars arrivent tout essoufflés en transpirants comme des fous "on est où ?", "on est à la Fouly ?", "il est où le médecin ?"...

Comme prévu je bois trois ou quatre verres de coca et je repars sans trop m'attarder.

La Peule - La Fouly

En partant de la peule, la descente est tout de suite plus raide et engagée. Il faut avancer avec précaution pour ne pas se vautrer dans les caillasses.

Je m'aide à fond des bâtons pour soulager les cuisses dans cette descente raide. En bas de la descente nous rejoignons une large piste puis une petite route de fond de vallée. Ce sera d'ailleurs la seule sections avec de la route durant l'ensemble de la course.

Cette section a peu d'intérêts. Nous sommes sur la route. La majorité des coureurs a adopté une petite foulée, mais je commence a en voir certains qui n'arrivent plus à courir. C'est plutôt mauvais signe pour eux car il reste plus de 15 bornes avant Champex (mi course).

En arrivant à la Fouly, je me pose quelques minutes. J'avale mes traditionnels verres de coca, je prends un peu de soupe chaude au vermicelle et j'attaque mon saucisson des hautes alpes. J'ai testé ça à la SaintéLyon l'année dernière. A partir d'un moment je suis écoeuré par les produits sucrés. Le seul moyen pour moi de continuer à m'alimenter correctement, c'est de consommer du salé. J'ai donc opté pour du saucisson, plus facile a macher que le jambon cru.

Je sais maintenant que l'on n'est plus très loin de Champex. Il ne reste qu'une 15aine de bornes. A Champex il y aura Hélène et Marion qui sont venues me supporter.

La Fouly - Champex Lac

La simple idée de savoir qu'il y a mes supportrices à Champex me motive a fond. La piste en partant de la fouly est assez large et descend régulièrement, j'en profite donc pour adopter une foulée régulière (11 km/h) qui me permet de gagner du temps sans trop m'user. J'arrive à tenir ce rythme presque jusqu'à Issert. 0 cet endroit on attaque un single assez escarpé à flanc de montagne qui ne permet plus de courir. En fait j'aurais pu courir , mais il y avait du monde devant moi, des coureurs que je ne pouvais pas doubler. Je reste donc derrière et j'en profite pour m'alimenter un peu.

J'appercois Champex et en fait c'est plus loin que ce que j'imaginais. Je prends un coup au moral, car la distance commence a se faire sentir et je vois le jour qui commence a baiser.

J'attaque la montée de Champex à un bon rythme. Je double encore pas mal de coureurs. Mais la montée est longue. Je sais que le ravitaillement de Champex va me faire du bien, je vais recharger les batteries à fond, mais il me reste encore 5 km à tenir, dans cette montée plus raide et plus longue que prévue. Je commence a réfléchir (chose qu'il ne faut surtout pas faire en ultra), à me dire que je suis fatigué, que mes muscles sont douloureux, que je vais mettre 10 heures pour boucler la première moitié de la course alors que les meilleurs vont bientôt arriver à Chamonix... A chaque fois que j'ai l'impression que le col arrive, en fait ce n'est pas le cas et on enchaîne sur une nouvelle montée. On arrive à une maison, je me dis que c'est bon, que ce va être la première d'une série qui m'amènera à Champex... mais non...

Il y a quand même quelque chose qui me rassure, c'est quand je double deux coureurs, dont l'un était entrain de vomir tant qu'il pouvait. Cela m'a fait penser au sketch de florence Foresti qui explique que les bonnes copines tiennent les cheveux de leurs amies quand elles vomissent, en ultra, ce sont les bon copains qui tiennent le Camelback pendant que leur pote est en train de gerber...

Je jette un regard vers celui qui va mieux. Rien à dire, ils savent forcément qu'ils ne sont qu'à un ou deux km maximum de champex.

Finalement je me dis que je pourrais aller pire. Et c'est rapidement que je termine la montée vers Champex. Il commence à faire réellement noir, j'arrive dans le début du village, mais là c'est une feinte, il y a encore un lacet a passer sur un petit single.

A la fin de la montée je vois Hélène et Marion qui m'encouragent. Je termine jusqu'au centre de course en trottinant.

Honnêtement, je suis bien explosé et j'ai besoin de faire une pause. Heureusement qu'Hélène et Marion sont là, ça fait du bien au moral. Je bois 6 ou 7 verres de coca direct. Ensuite je vais me poser à une table. Pendant que je mange deux soupes accompagnées de barres énergétiques et de saucisson, elles me racontent qu'elles ne m'attendaient pas si tôt. Je suis arrivé presque une heure plus tôt que les estimations faites par l'ordinateur en fonction de mon début de course.

Je profite de cette pause pour me changer. Je vire toutes mes fringues de la journée : il y a eu beaucoup de soleil, j'ai beaucoup transpiré et suis donc bien mouillé...

J'enfile un collant long et une carline longue. Je garde mon buff sur le tête et je sors la lampe frontale.

Je décide de garder mes chaussettes. Je pensais changer, mais je suis très bien dedans, je ne ressens aucun frottement et je préfère les garder pour la fin de course en cas de passage dans de la flotte.

Une pause pipi, et c'est repartir pour de nouvelles aventures.

Champex Lac - Bovines

Au total, ma pause à Champex a durée presque 45 minutes. Le temps est passé très vite, mais cette pause m'a fait beaucoup de bien. J'étais limite en arrivant, quand je sors de la tente ravitaillement, je suis comme neuf. La bouffe, la soupe, mes supportrices et le changement de fringues m'ont fait beaucoup de bien.

Je suis tellement remonté que je pars en courant de Champex (pas uniquement devant les spectateurs ;-) ).

La nuit est maintenant complètement tombée. Ça fait drôle, car l'environnement a complètement changé entre le moment où je suis entré dans la tente a Champex et le moment ou j'en suis ressortit. Avec la nuit est arrivée l'humidité. Bien qu'il ait fait très beau toute la journée, le sol est devenu assez glissant, notamment dans cette montée assez escarpée par endroits, qui grimpe dans les pierres (type éboulis). En début de montée je double beaucoup de monde, la pente n'est pas encore très raide et c'est très stable, donc il y a moyen d'en profiter. Par contre, le terrain s'est rapidement dégradé pour de la caillasse et des souches. Mon rythme ralentit et je me fixe derrière une nana qui avance bien, puis un autre gars nous rejoint. Nous formons un petit groupe qui monte rapidement, nous doublons pas mal de coureurs en difficulté. On sent aussi que la nuit, ce n'est pas facile pour tout le monde.

J'ai remarqué un phénomène très drôle (pour moi). Beaucoup de coureurs utilisent une tikka. Cette lampe est bien pour dépanner ou pour un bivouac, mais trop faible à mon goût pour une course de ce type. Moi, ma Myo XP éclaire à plus de 60 mètres c'est énorme. Tous ces coureurs que j'ai doublé, au moment ou je suis derrière eux ils se mettent à voir comme en plein jour. Une fois que je suis passé, ils ne voient plus rien :-) arf trop drôle.

J'effectue toute la montée en carline, mais arrivé en haut d'un coup un énorme froid m'enveloppe. Je pense qu'il y avait un peu de vent et le fait de sortir des arbres nous étions plus exposés. En arrivant au ravitaillement je m'habille vite : gore tex pour le vent et conserver la chaleur du corps, et gants pour les mains car j'ai les doigts qui sont tout froids. Au ravitaillement, à part le froid je vais bien, je me sens bien, mais comme il y a la queue à la soupe je décide de ne pas m'attarder pour ne pas prendre froid. J'avale juste deux coca.

Bovines - Trient

Avant de commencer la descente vers Trient, il nous faut passer par un petit col qui nous oblige à monter un peu. C'est pas plus mal car ça permet de se réchauffer.

La descente est terrible. A ce stade de la course on espère tous une descente facile, propre au sol. C'est tout l'inverse : très raide, très dur, très technique. Impossible de relâcher son attention dans cette descente. Ceux qui se déconcentrent vont directement à la faute, j'assiste à plusieurs chutes.

Un peu avant Trient la piste s'élargit et devient plus facile, j'en profite pour courir un peu et dérouler, mais je sens que les jambes commencent à être dures. Je vois en bas du trou Trient et ses lumière. J'aperçois en face les lumières des autres coureurs qui montent vers la dernière grosse difficulté de la course. Ça ne va pas être de tout repos.

En arrivant à Trient j'aperçois Hélène et Marion qui m'attendent. En entrant dans la tente ravitaillement, ils ont séparé la tente en deux parties : la partie coureurs et la partie public. La partie publique est remplie par une bande de pochetrons qui mettent une ambiance de fou. Je me ravitaille avec une soupe et une barre énergétique. Je bois quelques verres de coca et hop. Plus on est fatigué et moins il ne faut s'arrêter. Avec la fatigue je me refroidis rapidement.

Trient - Frontière

En repartant de Trient, je me sens encore bien. la descente vers Triens a été pénible mais j'espère que la montée va me faire du bien (c'est paradoxal...).

Autant j'avais bien apprit tout e début de parcours jusqu'à Champex, autant, j'ai beaucoup de mal à me souvenir du profil et du parcours à ce moment de la course. D'après ce que je pouvais voir de l'autre coté de la vallée, le chemin avait l'air de monter. Ce fut effectivement le cas. Sans aucun doute la plus raide de toutes les montées rencontrées sur ces 90km de course.

Malgré la pente qui s'élève je garde mon bon rythme. Je double encore pas mal de coureurs. Par contre au bout de 15 minutes je rejoins un gros groupe. Impossible de les doubler tous, cela prendrait beaucoup trop de temps. Je risquerai aussi de me blesser ou de m'épuiser. Je prends mon mal en patience. Je me fixe à l'arrière sur leur rythme, un peu moins élevé que le mien.

Alors je ne sais si c'est la fatigue ou le fait de ne pas avancer à mon rythme, mais j'ai commencé à me sentir moins bien. On a doublé un coureur en train de gerber sur le bord du chemin, on a aussi doublé des gars qui étaient allongés dans l'herbe, seul au milieu de la montagne... C'est pas un endroit où je m'arrêterai perso. Du coup je décide de rester accroché à ce groupe en attendant le sommet et la possibilité de me ravitailler. C'est ce que je fais. Je jette régulièrement un oeil à mon altimètre pour savoir où on en est de la montée, le GPS constitue aussi un formidable compagnon pour savoir où j'en suis.

En arrivant en haut je me pause sur le bord du chemin, je sors mon saucisson des hautes alpes ainsi qu'une barre énergétique et je me fait un petit festin seul dans le noir en regardant les lumières dans la vallée. Finalement je me rends compte que c'est la première fois de la course où je prends le temps d'admirer un peu le paysage. Il faut dire que je suis extrêmement concentré sur ma progression depuis le début de la course.

Une fois que j'ai terminé de manger, je reprends ma route. Au total ma pause n'a durée que 5 minutes mais m'a fait beaucoup de bien. Je repars en trottinant et je reviens rapidement sur le groupe avec lequel j'étais. Nous passons ensemble au poste de secours à la frontière

Frontière - Bovines

Le poste de secours est situé en haut de la montagne au milieu de rien. Il y a trois nanas bien courageuse, emmitouflées dans des couvertures, a mon avis ça doit bien cailler ici. Bon courage à elles pour cette nuit...

Je reste derrière le groupe que je viens de retrouver et nous attaquons la descente qui est raide mais propre dans un premier temps, mais qui deviens rapidement très raide et très crade. En réalitée, la même descente de jour serait passée tranquillement, mais la nuit et l'humidité rendent les roches et les souches très glissantes, et l'exercice périlleux.

Je commence a souffrir dans cette descente. Je pense que j'ai été tellement concentré depuis le début de la course que ma tête a un peu envie de se relâcher. Mais je garde le contrôle de ma progression, toujours en m'aidant beaucoup des bâtons afin de soulager mes muscles. En revanche, dans la tête ce n'est plus ça. Je commence à réfléchir. En ultra il ne faut pas réfléchir, il faut se battre. C'est pas bon de réfléchir. Je commence a avoir très mal aux jambes, cette descente devient interminalble.

Je pensais que l'on allait arriver directement au village. Du coup quand j'ai vu que la pente s'adoucissait et que l'on s'approchait de la civilisation j'ai commencé a lâcher les chevaux. Fausse alerte, nous sommes d'abord passés par un petit hameau. Gros coup dur au moral car en quittant le hameau, je ne vois plus aucune lumière, je me dis que Bovines doit être encore loin.

La descente sur les pistes de ski n'arrange pas les choses. Je crois que je déteste descendre les pistes de ski autrement qu'en ski ou en vtt...

J'arrive à Bovines complètement explosé, le moral dans les salomons xa pro xcr. Heureusement que mes supportrices sont là. Ça fait du bien de se sentir aidé. Malheureusement elles ne peuvent pas entrer dans la tente ravitaillement. Elles me regardent de loin remplir mon camelback et boire mes verres de coca.

Bovines - Argentières

Je ne traîne pas au ravitaillement. Je sors rapidement pour aller voir Hélène et Marion. Je décide de partir rapidement car comme je suis moyen, plutôt en finir rapidement. Je sais qu'il doit rester a peu près 18 bornes pour aller à Chamonix. Je sais aussi que je vais terminer la course sauf accident. Finalement, cela me fait du bien de me dire ça. J'ai l'impression que ça m'enlève un poids.

Hélène et Marion me rappellent que le dernier col à passer est facile et très court.

Je leur donne rdv à Argentière dans 1h30 afin de se voir une dernière fois avant Chamonix. Puis je me motive comme je peux pour terminer.

Dur de repartir, dans la tente de ravitaillement je vois des gars complètement explosé, d'autres qui dorment par terre, d'autres qui ont les pieds en sang...
Faut pas rester là.

Je me passe en mémoire les paroles d'Hélène et Marion "le dernier col est facile". Je repars d'abord en marche rapide, puis j'allonge mes pas, puis finalement je cours. Le chemin est plat dans un premier temps, puis la pente augmente. Je continue sur ma lancée et je passe tout le col en courant. Je double beaucoup de coureurs qui ont du mal a avancer. A chaque virage, le chemin monte encore... je me dis que c'est le dernier virage avant la descente, mais non... Finalement ce col est assez long, surtout quand on le passe en courant.

En partant de Bovines, je me dis que mon objectif est de terminer en moins de 20h, chose normale car ma moyenne globale correspondait jusqu'à maintenant à 20 heures de course.

J'enchaîne ensuite la descente rapidement et j'arrive à Argentière. Je suis trop content, j'ai mis beaucoup moins d'une heure, mais malheureusement je ne peux pas partager cette joie avec Hélène et Marion car elles dorment dans la voiture (je leur avait dit 1h30...), du coup je ne traîne pas au ravito, un verre de coca, il ne reste maintenant que 9km avant Chamonix. En partant je sors le téléphone du sac et j'appelle les filles "Salut, je suis passé a argentière et je suis déjà partit, vous pouvez aller m'attendre à Chamonix, je n'en ais plus pour longtemps". Elles étaient surprises ;-) .

Argentières - Chamonix

En repartant d'argentière je jette un coup deuil à mon chrono : un peu moins de 17h ! Ouah ! moi qui croyais que j'allais boucler en 20 heures, je me dis que c'est jouable en moins de 18h.

Il ne me reste qu'une 10 aine de bornes, c'est le début d'un contre la montre individuel.

Je fais attention de ne pas m'enflammer trop mais je cours à un bon rythme. Je double tous les coureurs qui m'avaient passé dans la descente quand j'étais pas terrible. D'après mes souvenirs le profil est descendant jusqu'à Chamonix. En réalité il y a deux montée pas dégueu que je passe en courant. puis toute la fin en plat descendant.

Au dernier point de contrôle je pars tout droit. Heureusement un coureur m'appelle, j'avais raté le fléchage. Retour en arrière puis je récupère le bon chemin.

La fin est longue. Je coure a un bon rythme, mais le plat et la comparaison par rapport aux paysages précédents rendent la chose monotone.

Pas le temps de m'endormir, je me bat contre mon chrono et Chamonix est proche.

J'entre dans Chamonix au petit matin, vers 6h. C'est vide, le marché se met en place. Il y a tout de même quelques lève tot qui nous encouragent.

Puis je me rapproche rapidement du centre ville. En tournant dans le dernier virage j'aperçois la banderole d'arrivée. Il y a un peu plus de monde ici. Plus que 150 mètres pour savourer.

Je passe sous l'arche d'arrivée après 17h45 d'efforts. C'est une immense émotion. J'ai les yeux qui me piquent très fort et j'ai du mal à réaliser.

Je n'ai presque pas préparer cette course, je me suis contenté de faire des séries dans la montée de 25m D+ a proximité de chez moi et aujourd'hui après cette longue journée et nuit d'efforts je termine le CCC, c'était presque inespéré.

Les avis autour de moi étaient plutôt du genre "n'y vas pas tu vas te faire mal", "t'es pas assez entraîné"... Je suis bien content d'avoir terminé.

Finalement a part un coup de moins bien dans la descente du dernier grand col, la course s'est parfaitement bien passé pour moi. J'ai été concentré du début à la fin, je n'ai commis aucune erreur. Bref une course presque parfaite.

Je remercie énorméement Hélène et Marion qui m'ont soutenues durant toute la course.

Je remercie nos partenaires, et notamment GO2 qui m'a permis de m'alimenter correctement sans connaître de défaillance, ainsi que Monnet pour ses chaussettes de trails. J'ai gardé les mêmes chaussettes durant toutes la course : pas un strap, pas un pansement, pas une ampoule, pas un échauffement : des chaussettes parfaites !

Je reviendrais plus longuement sur une analyse technique de ma course : les points forts et les points faibles, les choses améliorables.

Je ferai aussi une checklist de mon matos.

Séjour de préparation au CCC dans les Hautes Alpes

Avant le grand saut vers Courmayer, un petit séjour dans les Hautes Alpes histoire de se reposer un peu et de s'acclimater à l'altitude...

Lundi : Footing 12km, 1200m D+.
Départ de Serres, puis montée au relais en passant par la crête


Mardi : VTT. Gros mauvais temps, tenue Gore Tex intégrale.
Grosse galère, les vtt dans la glaise, plus possible de pédaler. Après un long portage avec les vélos de 30kg sur le dos, le final se fait dans le Buech, pour tenter de laver le matos.

vendredi 24 août 2007

Benoit, envoyé spécial sur la Courmayeur - Champex - Chamonix



A l'heure où je tappe ce post, Benoit, le leader du Team RaidsAventure.com est en train de se frotter à la Courmayeur Champex Chamonix, une des courses du tour du Mont Blanc, emblème de grandeur, de difficulté du parc montagneux Francais.

Courage Ben, c'est dur, tu te poses des tas de questions (pourquoi je fais encore un ultra, pourquoi je me suis pas entrainé plus, ...), mais dans ces instants difficiles, rappelle toi la satisfaction de l'effort accompli, de repousser ses limites, de pouvoir se dire je l'ai fais. Et surtout, pense à ta chérie qui t'attend dans la froideur Alpine (donc dépêche toi!) et à ton Team qui t'encourage et te rappelle qu'il faut que ça ne reste que du plaisir...

Team spirit ;-)

mardi 14 août 2007

Trail du Grand Vallon, vu par Kévin



Dimanche 15 Juillet 2007, Les Orres (05)

En Bon Breton résident à Paris, je n’ai jamais eu l’occasion de faire un trail. Je ne parle pas des trails que l’on fait en région parisienne (que les montagnards appellent "courses natures"), mais des trails de montagne qui relèvent plus de l’ascension que du running.

Dimanche matin, avec ma chérie (premier trail ou course nature) nous arrivons à la station des Orres. Dans la montée nous amenant jusqu’aux dossards, nous sentons déjà des difficultés pour respirer, ce n’est pas gagné pour nous.

Nos objectifs sont, de terminer nos courses respectives, sans performance de chrono, car pour moi, c’est la première course de montagne, qui plus est avec 1500 D+ et 25km.

9h, le départ est donné, nous sommes 86 au départ, petit groupe rempli de mollets affutés, et… les miens. Les 4 premiers km ressemblent aux trails parisiens, des sous-bois vallonnés, frais, où les relances rythment la course. Nous poursuivons sur des routes en stabil jusqu’au 1er ravitaillement (34min, km 5). A ce niveau là de la course, j’ai déjà commencé à marcher, stratégie de gestion oblige, comme je ne connais pas le profil (et même pris des trailers en photos).

C’est après ce 1er ravitaillement que nous entrons par le bas du vallon et sommes totalement entouré de montagnes (Brrrr, c’est impressionnant !). Nous sommes à ce moment sur les routes de terre battue. Quelques randonneurs m’encourage, ça fait plaisir de rencontrer du monde (oui, à ce moment de la course, on aperçoit simplement des concurrents devant et derrière.

Km 11, 2ème ravitaillement. Depuis le début de la course, j’entends bourdonner autour de mes oreilles, en pensant avoir 2, 3 mouches. Le sauveteur présent au ravito m’annonce que j’ai l’honneur d’être suivi par une quarantaine de mouches !…dur ! Avant de repartir, la demoiselle du ravito m’annonce que c’est maintenant que le vrai trail commence. :-( … Qu’est-ce qui m’attend ?

Je repars, ou plutôt devrais-je dire nous repartons avec mes amies les mouches. Je regarde un devant moi et me rend compte que nous arrivons tout juste au cœur du Grand Vallon, et de ses difficultés. A nous 2 !!!!

Le parcours nous fait découvrir les alpages, avec ses ruisseaux, sa verdure, … Superbe !

Seulement, en levant les yeux, je vois que nous arrivons dans un cul de sac et que l’unique issue est de gravir la montagne. Je devine d’ailleurs des concurrents à l’assaut de celle-ci.

Les cuisses commencent réellement à chauffer, je prends une sportenine et un gel GO2 pour me redonner un coup de boost. Je gère mon ascension gentiment, me fais doubler par 2, 3 trailers (dont une équipée de chaussures de rando, bien utiles dans ce pierrier). C’est là que je réalise que grimper non-stop est un effort complètement différent, les cuisses encaissent sans cesse, sans repos. J’arrive en haut de cette montée, soulagé car je me pensais avoir terminé la grimpe pour aujourd’hui. Erreur !!!! Il ne s’agissait là que d’un palier naturel. Et au bout de ce plateau, je vois ce qui m’attend, une seconde face à monter, la même !!! Pour le moral, je me reprends une dose de gel GO2, en complément de ma boisson énergétique GO2 que je consomme régulièrement. Je profite d’avoir sortie ce gel pour tenter de me débarrasser des mes compagnes de route, en tentant de les attirer avec le sucre du gel, mais il semblerait que mon shampoing soit plus attirant que le gel (Je donnerai le parfum à GO2…). Bon, trêve d’égarement, il s’agit de finir, et je ne suis pas rendu !

Cette seconde session grimpe, toujours sur mon rythme é…freiné, me fait autant de bien que l’autre. Pour dire, j’ai la sensation de faire 2 fois la même…et malheureusement, avec la même surprise arrivé au sommet de cette côte : un mur, uniquement en pierrier et neiges éternelles, se dressait devant moi.

La je suis plus que jamais dans la gestion, car je sens que j’ai les mollets qui chatouilles, et sont à fleur…

Je ne vois personne devant (soit je suis premier, donc impossible, soit je suis parmi les derniers, loin derrière, beaucoup plus plausible), et derrière moi une dame me remonte petit à petit, mètres par mètres.

Aie !! Ca y est, les crampes arrivent dans les mollets. Etirements plus sporténine aussitôt, puis repart doucement. Les crampes descendent jusqu’à la plante des pieds, me pliant les orteils. Super douloureux ! Mais faut pas lâcher, il faut continuer.

Au fil des crampes et des étirements, je parviens à grimper jusqu’au sommet. La dame m’a doublé dans la montée, normal… 72ème, c’est ce qu’annonce les bénévoles qui nous servaient un canon d’eau au sommet.

Maintenant, changement d’effort, il faut descendre (20 min de descente dans le pierrier d’après eux). Moi qui pensais m’éclater dans la descente, je l’aborde très gentiment vu l’inclinaison, et les caillasses qui roulent. Les crampes commencent à s’atténuer, et parvient de mieux en mieux à allonger, jusqu’à reprendre la dame avec qui je fais l’accordéon. Mais dans l’euphorie de ma course folle, je me déconcentre et effectue une superbe figure libre dans les cailloux. J’ai des plaies ici et là, le genou droit à tapé, la plaie est profonde mais pas large ; rien de casser, c’est l’essentiel.

Je repars plus calmement cette fois, refroidi par la chute. J’arrive enfin au 3ème ravito (km 20), au bord d’un lac d’altitude. Là, je me fais soigner et poser un pansement par la croix rouge, qui s’est décollé 200m plus bas.

Plus que 5km avant l’arrivée. Ma concurrente ne m’a toujours pas repris, (j’ai du bien bourriner en descente). Je commence à rencontrer des randonneurs, on approche certainement.

Tout à coup, je suis stopper dans ma descente, le marquage au sol est effacé sur une pate d’oie (c’est ça d’arrivé après la bataille !!). J’attends la dame pour lui demander ce qu’elle en pense, on tente tous les 2 une des 2 directions : Perdu ! Obligé de remonté pour revenir au carrefour. Nous repartons à fond (du moins, à fond avec mes forces restantes). Devant moi, elle a un bon rythme, et je n’arrive plus à la suivre dans la descente, mais la garde en visu.

Ca y est, j’aperçois un bénévole, qui m’oriente vers la station. Plus que la descente de VTT à faire. En bas je vois ma chérie qui m’attend (depuis le temps, la pauvre), ça me donne la force de faire les 400 derniers mètres.

Top, je suis arrivé !!!

Je m’assoie, retire mon buff, mais les mouches gravitent toujours autour de mon crane, ça fait marrer trailers et organisateurs à proximité.

Epreuve très difficile pour un coureur de vallée novice, mais c’est tellement grisant de l’avoir fait…

Merci à l’organisation les paysages superbes et le repas offert.


Tps : 04h 08min
D+ : 1500 m
Classement scratch : 72 sur 86 (surclassé en senior)

vendredi 3 août 2007

Trail du Bout du Monde, vu par Hélène


Un trail magnifique que ce trail du monde du monde malgré un départ assez déstabilisant dans le sable qui casse les jambes avant même d’avoir démarré. Sur les cinq premiers km je me sens bien, c’est une petite boucle à l’intérieur des terres. Puis retour sur la plage, avec le sable qui est de retour voici le premier ravitaillement, comme il fait assez chaud, il est le bienvenu. Au 8ème km environ commence véritablement le chemin côtier, c’est vraiment magnifique mais c’est très cassant, on n’arrête pas de monter et de descendre, je commence à avoir les jambes lourdes. En haut d’une côte j’aperçois le phare de la pointe St Mathieu où se trouve l’arrivée, ça fait du bien au moral, j’ai l’impression qu’il est tout près et que je suis bientôt arrivée, malheureusement je me rends très vite compte qu’il n’est pas si près que ça !!!

J’arrive au deuxième ravito, je me sens toujours bien même si j’ai très mal aux jambes dans les montées, surtout lorsqu’il y a des marches. Je vois de plus en plus de monde qui nous encourage sur le chemin, c’est très sympa. Je sais maintenant que je suis presque arrivée, je donne tout jusqu’au phare où l’arrivée est vraiment magnifique. Je suis satisfaite de mon temps, il fait beau, l’ambiance est super, et des kinés sont là pour nous masser, bref un très beau trail…